Le Télégramme – 19 janvier 2023

« Une fille vachement sympa, une rebelle terrible ! »

Thierry Charpentier – Le Télégramme, le 19 janvier 2023

Entre 1978 et 1986, le pianiste brestois Jacky Bouilliol a accompagné Annkrist sur quatre de ses cinq albums. Il raconte leur compagnonnage musical et amical.

Jacky Bouilliol n’avait plus joué, ni même parlé avec Annkrist depuis la fin des années 80. Début janvier, le pianiste brestois a eu la surprise d’être contacté par la chanteuse. Elle lui demandait de l’accompagner sur trois chansons qu’elle compte offrir au public, samedi 21 janvier, au sein de Dialogues Musiques. Quand il a entendu sa voix au téléphone, « c’était toujours pareil. Une petite voix mais je suis sûr quand elle va chanter, on va la retrouver tout de suite ». Il a dit oui dans la seconde.

« On a mis 12 h pour arriver à cause de la neige ! »

Jacky Bouilliol a rencontré Annkrist à la fin des années 70, via son pote, le bassiste Michel – «Micky » – Runarvot. « Il la connaissait. Il nous a fait nous rencontrer. C’était une fille vachement sympa, une rebelle terrible ! ». Le courant est passé, « et puis on a fait un disque, qui s’appelle « Tendre est ma nuit », aux Studios Frémontel, en Normandie », raconte Jacky Bouilliol. Les souvenirs lui reviennent à la pelle. « On est arrivé là-bas, à quatre dans une fourgonnette. Il y avait Annkrist, Micky Runarvot, Roberto Toffoli le batteur et moi. Quatre Brestois quand même, faut pas déconner ! Et on a mis 12 h pour arriver à cause de la neige ! ».

« J’ai connu des fous qui venaient du Finistère »

Au sein du studio Frémontel, ils rencontrent Bruno Menny, « un super ingénieur du son. Le mecpensait qu’on allait enregistrer deux titres. Et il a réalisé qu’on venait pour faire huit titres, en unenuit ! Il était scié ! Un 33 tours en une nuit ? Il n’y croyait pas et on l’a fait. Il en parle toujours. Ildit : J’ai connu des fous qui venaient du Finistère et qui ont fait un 33 tours en une nuit ! On étaitgonflés, mais on s’était bien préparés. On avait bien répété… ».

« Elle savait ce qu’elle voulait »

Par la suite, Jacky Bouilliol a accompagné Annkrist sur ses trois disques suivants, dont deux, « Bleu Cobalt » et « Ange de nuit », ont obtenu le Grand prix international de l’académie Charles-Cros. «Annkrist était une artiste magnifique, avec des textes à tomber sur le cul. C’était une expérience étonnante pour moi qui n’était pas dans cette mouvance chansons à textes. Elle arrivait avec sa guitare, plaquait un la mineur, un mi mineur et un ré-mineur et c’était parti. Là-dessus, avec Micky, on avait fait des arrangements plutôt jazz-rock, et ça a plu. Je m’entendais vachement avec Annkrist. Elle savait ce qu’elle voulait ». Un jour, elle est partie à Paris. « Je ne savais même pas où elle était. Je n’avais même pas de coordonnées ». Il n’aurait jamais pensé qu’elle disparaisse des radars. « C’est étrange, car elle était dans la mouvance de Mama Béa, Catherine Ribeiro, Danielle Messia… ».